Philoforum
Les présents texticules (avec une minuscule s'il vous plaît vu que c'est l'opposé de Grands Textes) sont nés de la fréquentation irréfléchie du site Philoforum, auquel ma participation ne s'imposait pas puisque la philosophie n'est pour moi qu'un mince loisir, je préfère les tartines de Nutella, ou même le jardinage, moi qui ne suis qu'un ancien Travailleur Manuel (avec majuscules s'il vous plaît vu que cette noble profession est en voie de disparition because les robots). Avoir croisé le fer avec d'éminents philosophes - heureusement les fleurets y sont mouchetés au shamallow sans quoi vous vous faites percer la tripe au premier engagement car un philosophe connaît tous les coups les plus tordus de la rhétorique - vous donne idée de ce qu'est la mauvaise foi, sans laquelle bien sûr la vie n'aurait plus aucun intérêt. Le philosophe étant par essence un théoricien de l'abstraction qu'aucun expérimentateur ne vient flanquer comme c'est le cas des sciences dures, il est en état d'affirmer à peu près ce qu'il veut puisque son système de pensée se referme sur lui-même, comme en politique, par la grâce d'un simple postulat. Et cependant j'y ai beaucoup appris, le paradoxe étant la source essentielle de l'étonnement.
Mais j'y ai aussi hélas, fait la rencontre de l'expression sms, qui est le degré 0,5 de la pensée sur l'échelle de Borborygme. Bref, je commençais à choper le vertige entre cimes vivifiantes et à jamais inatteignables sauf en apesanteur, et marécages prébiotiques où l'éructation tient lieu de vocabulaire. Ce qui fait qu'histoire de dire quelque chose, de philosopher à ma hauteur et pas plus haut que ma tartine, j'ai voulu suivre le conseil de Camus : "Si tu veux être philosophe, écris des romans".
Carrément ! Des romans ! Le mec. Comme si moi j'ai une tête à faire couper des arbres de la forêt avec la vie piaillante et copulante qu'ils abritent juste pour imprimer mes états d'âme. Immortaliser mes tourments plumitifs. Cà, jamais de la vie. Je n'ajouterai pas à la pullulation notariale. En revanche...
Pour autant que j'en connaisse, l'écritoire électronique ne tue personne. Encore qu'elle soit probablement consommatrice d'énergie. Mais bon, à ce compte-là, s'il ne faut même plus perturber la vie ionique, autant se supprimer tout de suite et encore... Et puis il y a moyen de texticuler sans en faire des tonnes, en restant gracile. C'est même l'avantage premier. Donc, j'ouvris une rubrique "texticules de Zorba". Zorba c'était mon sobriquet de récré.
Il se présenta alors que ces derniers trouvèrent grâce aux yeux de deux ou trois lecteurs de Philoforum. Je n'ai pas vocation à prêcher dans le désert, surtout que les prophètes annoncent de mauvaises nouvelles. Mais dame, deux trois lecteurs, et même pas de la famille pour faire plaisir au vieux tonton, çà se respecte. Non ? Si. Me voilà donc emmanché à produire des texticules. Un par ci par là, quoi, je ne vais pas non plus y perdre ma jeunesse.
Sauf qu'un beau jour, crac, sans prévenir, Philoforum ferme son portail. Avec mes texticules dedans. (Mais non, çà fait pas mal, c'est juste des textes). Dont je n'avais pas gardé le moindre brouillon. Je toque à l'huis... personne. Alors ne me demandez pas pourquoi Philoforum, un site particulièrement vivant et bien fréquenté, qui existait depuis des siècles (sur internet, la durée de vie est assez relative n'est-ce pas), tout à coup, ferme. Je n'en ai pas la plus petite idée. Je me voyais déjà, coulant des jours heureux, à texticuler nonchalamment histoire d'entretenir mes neurones en état (et ce pour le prix modique mesdames et messieurs d'une connexion, franchement ne passez pas à côté de l'affaire). Eh bien non ! Perdus, mes deux trois lecteurs. Vous avouerez....! La brièveté des carrières, dans la texticulation...
Or il se trouva - voyez comme le hasard fait bien les choses - que le Dimanche avant que ne fermât Philoforum (c'est passé au quart de poil de l'abeille), ma fille tomba sur l'écran ouvert à la page texticules de Philoforum. (Oui je répète souvent Philoforum pour lui faire de la pub au cas où il rouvrirait son portail, c'est un procédé classique mais çà marche, répétez aux gens "boitaclou", ils finiront par aller chez le marchand demander un boitaclou). Donc ,dis-je, ma fille tombe dessus et n'ignore pas mon sulfureux passé de Zorba. Dis-donc papa, tu aurais dû être écrivain. Décidément c'est une idée fixe. Ah oui ? Et tu aurais mangé quoi ma fille ...? Bref, elle imprime en ce Dimanche la totalité des texticules et fusille ce faisant une cartouche d'encre. (Oui, je répète souvent texticules pour la raison que vous savez, le boitaclou et ainsi de suite).
J'abrège hein, je vous sens nerveux. Et donc voilà comment j'ai stocké, tant qu'à faire, çà me fera des souvenirs et témoignera que je n'ai pas toujours été Alzeimher, ma petite production artisanale sur un overblog que j'adore parce qu'il est bleu, c'est très joli. Cà met bien en valeur, je trouve. Tiens, tant que j'y suis, je vais répéter "bleu oberblog", c'est gratuit comme pub. Et en plus, ils vous servent des statistiques ébouriffantes sur votre activité comme si vous étiez à la tête d'une multinationale. Cà méritera sûrement un texticule un de ces quatre. Oui car je texticule de tout bois. 20% d'inspiration, 80% de tout bois.