Interview
- Chers télespectateurs, nous avons rencontré pour vous le professeur Zorba, chef de file du Mouvement de Libération de la Littérature Potagère. Professeur, pourquoi la littérature potagère ?
- Z : Parce que j'en ai un peu assez de ne voir que des catalogues de fleurs en présentoirs. Le potager, c'est aussi une façon de sauver la planète...
- Que pensez-vous du chanteur Orelsan ?
- Z : heu... si vous ne me laissez pas terminer mes phrases çà va mal se mettre, garçon. Croyez-vous vraiment que ce que je pense du chanteur Orelsan intéresse vos télespectateurs ? Je n'imagine pas une seconde que mon satut de star m'autorise à dire aux gens ce qu'ils doivent penser. Chacun pense selon ses moyens et un potager n'est pas fait que d'un légume sinon c'est de la monoculture et même...
- Quel âge avez-vous ?
- Z : l'âge de mes texticules.
- Vous dites : « La frustration est l'origine et la substance de la pensée... »
- Z : Un peu, mon neveu...
- Si vous ne me laissez pas finir de poser mes questions... Vous êtes sans doute la star de la littérature potagère, mais la vedette de l'émission, c'est quand même moi, qui vous ai invité. Que seriez-vous sans moi...!
- Z : Ce que j'ai toujours été : le meilleur.
- Bon, heu... Comment avez-vous rencontré la littérature potagère...?
- Z : Dans mon potager, c'te connerie. Dis donc, si t'en as que des comme çà dans ta musette tu ferais mieux de faire gendarme.
- Vous dites que vous auriez aimé être Clotide Courau...
- Z : J'ai dit çà moi ? Y aurait pas comme une erreur de casting ?
- Non non, je vous assure, vous êtes bien le professeur Zorba, chef de file du MLLP et j'ai lu cette déclaration dans « Le petit menteur »...
- Z : Ah ben voilà. Faut sélectionner vos lectures. Mais bon, si çà vous arrange, faisons comme si je l'avais dit. En effet très cher, j'aurais voulu être Clotilde Courau. Voilà une nénette que son statut de star partie de rien autorisait à cracher sur le système et sitôt princesse de Savoie, elle oublie tout, elle fait la princesse, le système l'arrange. Voilà le type de révolution copernicienne que j'aurais voulu connaître.
- Vous avez dit que vous aimeriez être roi d'Ecosse. C'est pour le kilt ?
- Z : Ah tiens, c'est vrai, j'aurais pu dire çà, moi. Dites donc mon gars, çà vous intéresserait un job de « phrases que j'aurais pu dire » ? Non sans déconner, je les dirais vous savez... Et puis vous devriez intituler votre émission : « Les phrases qu'ils n'ont jamais dites ». C'est moderne çà Coco.
- Vous avez un faible pour Dieudonné, c'est vrai ?
- Z : Non c'est lui qui a un faible pour moi. Vous confondez. (Zorba, faisant mine de se lever pour décarrer) Vous l'avez pas invité au moins !
- Pourquoi n'avez-vous pas choisi la profession de chanteur ?
- Z : Parce que c'est une affaire intime : je ne chante qu'en présence de mon avocat, d'abord, et ensuite en présence de mon potager pour faire pleuvoir, ou nu pour faire mûrir mes tomates.
- On vous dit distant, secret...
- Z : La littérature potagère ne s'accommode pas de strass et paillettes. La mise en abyme tomatière exige solitude érémitique et …
- Cela vous gêne-t-il d'être l'égérie de Coca-Cola ?
- Z : Pas le moins du monde puisque cela me permet de creuser des puits au Burkina-Faso.
- N'avez-vous pas envisagé d'adapter vos texticules au cinéma ?
- Z : Pourquoi pas ! La minceur de l'intrigue est gage de dépouillement. Sans compter que la littérature potagère est une littérature bio, garantie sans ogm ni pesticides. Un film sans pesticides, c'est bon pour le moral des français.
- On dit que vous allez être édité en braille...
- Z : Vous me défrichez l'horizon, mec... Tout le monde a le droit de se marrer après tout.
- Bon c'est pas que je m'ennuie...
- Z : Mais moi non plus. Vous m'avez fait passer un bon moment, garçon.