INSEE

Publié le par zorba

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Je suis informé à la seconde près de tous vos faits et gestes. Parfaitement, oui vous madame, ou même vous, là, Monsieur, qui vous planquez derrière votre moustache. Je ne suis pas de la police, ni même des renseignements généraux, mais je sais néanmoins tout ce que vous faites. Il me suffit de consulter une étude de l’INSEE. Car l’INSEE, au cas où vous l’ignoreriez, a des espions. L’INSEE a embauché des sociologues au chômage pléonasmatique auxquels elle a trouvé un boulot : savoir ce que les gens font. On appelle ces espions des chercheurs, pour endormir la méfiance. Et une fois votre méfiance endormie, on pourrait même dire mise en catalepsie par un intitulé aussi ronflant, vous racontez à ces espions tout ce que vous faites, de nuit comme de jour, au boulot comme au déduit, et ces espions prennent des notes, qu’ils déposent sur le bureau de l’INSEE. C’est ainsi que je suis au courant de tout. On peut dire que vous vivez sous hypnose permanente, pour aller raconter au premier sociologue au chômage venu tout ce que vous fabriquez.

Je sais par exemple que vous, Monsieur, consacrez 4h24 par jour aux « tâches de loisir ». « Taches de loisirs ». Alors que vous, Madame, n’y consacrez que 3h46. Ah ne commencez pas à contester les chiffres sous prétexte que vous, le Mardi 17 Janvier, n’avez consacré que 3h45 aux « tâches de loisir ». L’INSEE le sait tout de même mieux que vous car l’INSEE a des chercheurs, pas vous. Mais bien sûr… mais bien sûr, que le loisir est un travail, qu’est-ce que vous croyez ! C’est bien pourquoi l’INSEE catalogue les loisirs en tant que « tâches de loisirs ». C’est fou comme les loisirs donnent du travail. Et même pas payé rendez-vous compte. Si au lieu de travailler à nos loisirs, nous passions nos loisirs à nous reposer, nous serions bien plus enforme pour travailler au boulot. Pas étonnant qu’après nous être épuisés pendant 4h24 par jour pour les messieurs à des tâches de loisirs, nous arrivions en planches pour faire nos 35 heures de travail par semaine.

Mais il ressort surtout de cette étude d’espionnage que si les femmes consacrent près de 4h par jour – j’arrondis sinon l’espionnage va ressembler à de la petite monnaie – à l’entretien de leur intérieur et au soin des enfants, Monsieur, lui, n’y consacre que 2h30. Houou… la honte. On voit bien, d’où l’utilité de l’espionnage, que Monsieur est un gros fainéant. Et quel prétexte Monsieur trouve-t-il pour s’exonérer de ces tâches ménagères ? Soi-disant qu’il consacre 14 minutes à faire du sport alors que Madame, elle, qui s’épuise vite, n’en consacre que 6. Minutes. Et que Monsieur surfe pendant 45 mn sur le net alors que Madame, la moitié à peine. Pas chié, le Monsieur, il voudrait nous faire croire que surfer c’est bosser.

Ce que je trouve bizarre, tout de même, c’est que les espions de l’INSEE ne voient jamais Monsieur au bistrot. Ils sont aveugles ou quoi ! Pas la moindre mention de bistrot dans la statoche. Je veux croire que Monsieur, en plus d’être un gros cossard, est particulièrement malin : il est passé maître dans l’art de déjouer les filatures. Aussi n’-t-il pas à se plaindre si Madame a des amants cachés : elle aussi sait déjouer. Et l’INSEE n’y voit encore une fois que du bleu.

C’est ainsi que l’on peut lire entre les lignes de l’étude d’espionnage de l’INSEE qu’alors que Monsieur préfère le bistrot, madame, elle, aime mieux la bunga-bunga. Il n’y a guère qu’un homme au monde pour préférer la bunga-bunga au bistrot : c’est Burlesconi. D’où sa côte d’enfer auprès des dames.

Je vous le dis : je sais tout. Mais je ne vais pas dévoiler tous les secrets de l’espionnage car je suis pour la paix des ménages. On ne niera  pas cependant que l’équilibre du couple repose sur le déséquilibre dans l’implication aux tâches ménagères. A croire que l’homme se fout de son intérieur. L’homme se grandit-il, aux tâches ménagères ? Non, il se ratatine.

Je crois tout de même – disons que j’en suis carrément sûr – que les études d’espionnage de l’INSEE ont quand même pour objectif insidieux de semer la zizanie dans le couple. Imaginez un peu Madame sous la couette, alors que Monsieur est en train de lui faire ses affaires, s’écrier brusquement : dis donc chéri, il me semble qu’aujourd’hui tu es resté 2h13 devant la télé alors que j’épluchais les oignons… descends de là et va donc t’occuper de rafistoler pendant 45 minutes l’étagère du placard sur laquelle je ne peux plus ranger mes escarpins. Vous pouvez être sûrs qu’au bout de quelques semaines et même avant de ce régime, Monsieur va déjouer les filatures de l’espionnage pour aller au bistrot fissa raconter des blagues putrides à ses copains. Ou même qu’il finira par jeter la charrue avec les bœufs du ménage et ainsi, l’INSEE pourra établir de nouvelles statistiques de sociologues sur la progression du nombre de divorces. On se demande si ce n’est pas fait exprès rien que pour faire du neuf avec du vieux.

Autant vous dire que l’INSEE, moi, je m’en méfie. Et lorsque je sens que mon épousée a ses fumerolles, je me casse au jardin et croyez-moi, si j’aperçois un sociologue d’espionnage me chronométrer sur mes rangs de fèves, je te le transforme en épouvantail moi. Je vais te faire chauffer la statistique des sociologues disparus en mer. Sans blague… Interroger les gens pour ensuite les dresser les uns contre les autres, c’est de la délation. Voilà ce que c’est.

De toute façon, l’INSEE ne raconte que des bobards. Comment voudriez-vous que je participe aux tâches ménagères quand je n’ai même pas le droit de me faire chauffer un café. Il faudrait presque que je change de pantalon et que je me désinfecte, pour me faire chauffer un café. Alors à la longue, je ne sais même plus faire marcher la cafetière. J’ai essayé, une fois, çà a giclé partout que je me suis pris un soufflon que maintenant les cafetières, j’en ai peur. C’est bien simple, si mon épouse me lâche tout seul dans une maison, mon espérance de vie ne dépasse pas celle d’un lapin sur autoroute. Comment voulez-vous que je participe à des tâches ménagères quelles qu’elles soient : c’est devenu chez moi une incapacité ontologique. Je n’ai pas été dressé pour cela. Moi je fais autre chose, voilà tout, à vingt mille lieues sous les mers du ménage. Avec mon petit tablier de ménagère…non  mais je rêve. Que l’on veuille bien noter que je ne déjoue pas pour autant les filatures de l’INSEE pour aller au bistrot vu que le bistrot, je n’y mets plus les pieds depuis lurette. J’ai assez vu de visages ravagés par l’alcool, c’est bon. Mais tout de même, on voit bien que même avec un chausse pieds, je n’entre pas dans les statistiques de l’INSEE.

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D
<br /> Ah, moi non plus je n'entre pas dans les statistiques inséennes : c'est mon mari qui se sert de la machine à café et c'est moi qui vais au bistrot ! Décidément, l'Insee raconte n'importe quoi,<br /> comme le démontre très bien cet article, aussi indispensable que bien documenté...<br />
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D
<br /> Ah, moi non plus je n'entre pas dans les statistiques inséennes : c'est mon mari qui se sert de la machine à café et c'est moi qui vais au bistrot ! Décidément, l'Insee raconte n'importe quoi,<br /> comme le démontre très bien cet article, aussi indispensable que bien documenté...<br />
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Z
<br /> <br /> Ouf, nous serons donc au moins deux à avoir échappé aux espions de l'INSEE;<br /> <br /> <br /> <br />
G
<br /> bonjour!<br /> <br /> <br /> alors, vous non plus, vous ne rentrez pas dans les cases?<br />
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Z
<br /> <br /> Hélas non... Et j'ai bien peur que ce ne soit définitif. Méfie-toi, gwadanata, des espions de l'Insee, surtout si tu es marié !<br /> <br /> <br /> <br />