Expo

Publié le par zorba

Expo.


On ne se serait pas attendu à ce que la plus antique activité du monde donnât un jour naissance à un art nouveau, une forme inédite d’expression. Ce n’est pas d’hier que l’homme pratique des activités telles que la danse, la musique, la peinture, littérature et autre arts premiers ou ultimes essoufflés qui agrémentent la vie ou les affaires des mécènes et collectionneurs. Voire attisent la verve assassine du critique. Et pourtant il manquait un art pour achever le sens esthétique insatiable du peuple et parfaire l’aura de l’imaginaire humain.
C’est chose faite, la lacune est aujourd’hui comblée et le génie de notre espèce peut enfin déployer sans entrave ses jubilatoires prospectives dans la conquête du dernier continent de l’esprit : l’art de la corne de cocu.
Car la corne de cocu, Mesdames et Messieurs a dorénavant son musée et ses lettres de noblesse. Il ne sera plus possible désormais de dire : Ah zut ! La corne de cocu n’a toujours pas trouvé sa cimaise. En effet, il était plus que temps d’inaugurer un art de la cocufication avant que le dernier cocu n’ait disparu. A l’heure de la procréation bionique et téléchargeable, la question de la fidélité n’ayant plus la moindre valeur probatoire, la race des cocus est en voie d’extinction et les clochettes ne tinteront bientôt plus qu’au cul des sex-toys.
L’humanité doit donc une fière chandelle (que même les duègnes les plus incorruptibles et les moins regardantes auront renoncé à tenir) à Monsieur José Adauto Caetano, le pape de l’art de la corne cocuficationnelle qui donna lieu à l’expression la plus achevée de l’esthétique cocuficatrice. Monsieur José Adauto Caetano – que son nom soit trois fois saint au panthéon des artistes – est aussi le Président de l’Association des Hommes Mal Aimés de l’état de Ceara (Nord-Est du Brésil), haut lieu de la cocufiologie mondiale. Et du reste sa collection de cornes de cocus, unique au monde, rassemble pas moins de 7o pièces, toutes inédites et de grande valeur, dont certaines servent même de porte-manteau. Et la bonne nouvelle est que cette collection soit désormais ouverte à la vente pour la modique somme de 15.000 réaish (6200 Euros), somme dérisoire au regard de l’immense valeur sentimentale desdits objets. Entendons encore une fois le brame du cocu au fond de sa cuisine : « S… P… de la grande P…aillerie de M… que le G… de B… de P…asse ait jamais E…oché par la F… au C … » Oula… Quittons ces funestes parages.
On pourrait croire inutile ou extravagante l’existence d’une cocuficothèque. C’est méjuger gravement cet art éprouvant aussi divers et prolifique que peuvent l’être tous les arts majeurs. Aucune corne de cocu ne ressemble à une autre tant les cocus sont de caractère et nationalité différents : le néococu, ou cocu débutant, n’a rien de pareil par l’ampleur du désastre à l’archéococu. Le monde de la cocufiade a ses hiérarchies qui vont balbutiant avec le monococu pour revêtir une intensité cocuficatrice hors du commun avec le kilococu. On peut aussi comprendre pourquoi Monsieur José Adauto Caetano, grand cocuficolâtre dans le microcosme cocuficophile, tient désormais à confier sa collection à un public connaisseur dans l’art trivial et clandestin de la cocuficopathie : les cornes de cocu nécessitent d’être entretenues et astiquées à la cire d’abeille et cette tâche l’épuise. Il est donc au regret de devoir se défaire de son conservatoire multicocuficocorniculaire pour la modique somme sus-mentionnée. Mais l’amateur ne sera pas déçu car dans sa collection figurent encore des pièces absolument rarissimes que les connaisseurs voudront sans aucun doute s’arracher : on citera pour mémoire la corne de l’endococu, qui fut cocu dans sa propre maison, ou celle de celui qui ne l’est qu’à moitié, l’hémicocu. On se demande comment cela se peut-il mais si l’on n’a pas pénétré les arcanes de la cocuficotaxie, on ne comprendra rien à l’affaire. D’autant qu’il existe également des cocuficophobes qui ne détestent rien tant que de l’être et qui préfèrent se faire inhumer avec leur corne plutôt que de la confier à un quelconque cocuficoland. Pour les initiés, mais pour les initiés seulement, signalons la corne du laryngococu dont la femme avait pour spécialité… hem…hem… nous n’en dirons pas plus, et plus fort encore, ce spécimen de laryngospéléococu dont la chère moitié n’opérait que dans les cavernes. Du temps de la pierre polie. Elle aussi. Nous laisserons sur sa faim l’amateur de cornes de cocu en signalant simplement la présence, dans la collection ci-dessus ébauchée, d’une corne de chromatococu qui était un cocu de couleur, nul n’étant épargné, ainsi que du cocu légendaire dont tout le monde a entendu parler : le mythococu. Il paraît même qu’il existerait – mais ici s’impose un conditionnel modéré – la corne d’un cocu droit dans ses bottes : l’orthococu, qui remonterait à la civilisation stoïcienne.
Cette affaire, car c’en est une, est très sérieuse et ne prête vraiment pas à la plaisanterie salace tant il est vrai que Monsieur José Adauto Caetano, Président à vie de l’Association des Hommes Mal Aimés de l’état du Ceara, à Fortaleza, a omis de s’intéresser à l’une des plus conséquentes populations de cocus : les Grands Cocus de la Politique (GCP). Gageons que cette lacune ne restera pas incomblée.

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F
<br /> quel plaisir de vous voir de retour!<br />
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Z
<br /> <br /> Sapristi Fomahaut, serais-tu équipée d'un détecteur de mouvement...?<br /> <br /> <br /> Après tout ce temps, je suis revenu voir si çà marchait encore, et oui... !<br /> <br /> <br /> Alors je vais essayer de nettoyer pour ne garder que le bon (parce que vraiment j'ai honte d'avoir commis tout çà), et je vais m'y remettre doucement.<br /> <br /> <br /> A bientôt alors, si çà te plaît toujours...<br /> <br /> <br /> <br />