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Suite à l'attentat cordonnier dont a été victime Georges Bush de la part d'un journaliste irakien, la société turque Baydan Shoe Company est submergée de commandes : c'est elle qui fabrique ce modèle de chaussure.
Désormais, ce journaliste est à l'abri du chômage : il lui suffit de s'installer comme représentant de Baydan Shoe.
Mais qui plus est, ce journaliste hautement journalistique vient d'inventer un nouveau métier. Vous avez quelque chose à vendre ? Embauchez un lanceur. Aucune qualification spécifique n'est requise si ce n'est d'être champion olympique, même sur le retour, du lancer de quelque chose. Quoi que ce soit : poids, disque, javelot... Ou encore basketteur, hand-balleur, bref, tout ce qui jette quelque chose. Vous n'êtes même pas obligé de toucher la cible, de marquer des points. Seuls le style du lancer, la marque de l'objet, et la nature de la cible comptent. Cela peut vous rapporter énormément de thune. Juste pour un petit lancer. A condition bien sûr que la cible soit suffisamment impopulaire. Inutile par exemple de lancer sur votre serviteur. Vous vous feriez immédiatement lyncher par tous ceux qui apprécient les texticules. Inutile aussi de le lancer sur un parfait inconnu : mieux vaut choisir une tête couronnée. Tiens, notre Président, par exemple.
Oui mais lancer quoi ? N'importe quoi, à condition de ne pas occire la cible. Sinon le produit lui-même pourrait avoir de gros ennuis, ce qui n'est pas le but recherché. Il suffit de rater la cible sciemment, le résultat est le même. Si si, une enclume, çà marche. Du moment que vous ratez. Que sa trajectoire ne rencontre personne.
Un fer à repasser, la cocotte minute,
La planche à désosser, ou un piquet de hutte,
Une roue de vélo, une armoire de toilette,
Un appareil photo, une clé à molette,
Un piano à queue, ou bien une friteuse,
Une paire de boeufs, ou une lessiveuse...
Enfin vous avez le choix... Et surtout, ne pas oublier de citer la marque. Tout est là. Elle doit être bien visible sur l'objet du délit. Qu'il n'y ait pas de contestation ensuite. Pour les boeufs, respecter la traçabilité bien entendu.
Moyennant quoi, vous pouvez à peu près tout vendre.
Supposons que vous lanciez sur un Président quel qu'il soit un camembert de la marque « Claquos ». Aussitôt, tout ce qui compte d'opposants au régime dans son pays, et même ailleurs si sa célébrité a dépassé les frontières, exigera la marque « Claquos ». Un « Claquos » sinon j'en veux pas. Le produit en question, ici le camembert « Claquos », devient un emblème de résistance (très bon la résistance), d'opposition politique. Vous allez même le retrouver sur les drapeaux. Sur les banderoles des manifestations. Je ne vous parle pas des retombées économiques, des chiffres de ventes, des boutiques franchisées, de droits à l'image... Voilà mon « Claquos » propulsé en même temps au rang symbolique de roi des camemberts toutes catégories confondues et de signe de ralliement de la résistance à l'oppression. Et alors si en plus, il appartient à la catégorie « lait cru moulé à la louche »... Vous imaginez la ruée sur les rayons « mon crémier » ! Vous avez intérêt à augmenter au préalable vos capacités de production. Cà se planifie çà.  Même aux Jeux Olympiques, vous pouvez inaugurer l'épreuve « lancer de Claquos ». Ou encore « manger de Claquos ». A celui qui en avalera le plus en un temps record.
Est-ce que vous vous rendez compte de l'impact planétaire d'un simple petit geste, oui, mais bien préparé, lors d'une conférence de presse, par exemple ! Vous avez même sous la main les milliers d'objectifs qui vont immortaliser le coup encore fumant sans qu'il vous en coûte un liard. Par millions de tonnes, que vous allez les écouler, vos camemberts au lait cru moulés à la louche.
Le marché de la pub, c'est l'avenir. Le Président ciblé peut très bien lui-même faire fabriquer un camembert à sa propre marque (que vous vous empresserez de lui proposer), destiné à être balancé sur le Secrétaire Général de l'opposition. Double casquette, double gain. Mais deux lanceurs différents hein, ne faites pas la connerie !
Il peut également se créer des ententes, des pools commerciaux. Par exemple « Les pêcheries du large » associées à un fabriquant d'appâts  : « Avec l'appât Dudule, le poisson pullule ». Vlan, vous vendez du même coup et le poisson, et l'appât pour l'attraper et l'hameçon « Ardillon »qui va avec. Ce qui triple ne perd pas.
Ah je sens que c'est un métier d'avenir çà. Je vais entretenir mon coup droit. Parce que je vous signale qu'aucune loi n'interdit l'usage de la raquette.
Enfin, il ne faudrait pas quand même qu'à chaque conférence de presse du Président, une cinquantaine de repésentants de commerce soient là pour faire la promotion de leur produit, sinon çà va devenir difficile.