Liberté
Un petit essai texticulaire sur la liberté de l'homme :
Quoi qu'il vaille, je me suis mêlé de faire paraître sur Philoforum un petit texte sur la liberté humaine que je reproduis ci-après à l'attention de mon lecteur, l'invitant pour un moment à se faire sa propre idée sur la question. Il me semble qu'elle intéresse tout un chacun, et que chacun trouvera, en dépit des urgentes sollicitations de sa propre vie, quelques minutes à lui consacrer. Il se pourrait bien cependant que ce temps fût gaspillé en pure perte car de toute façon, libre ou pas, la vie est là qui requiert toutes nos énergies.
Mais que le lecteur se rassure, le Blog de Zorba n'a pas vocation à se muer en site de philosophie...
------------------------------------------------------
Le cerveau est venu à l'homme comme le flair au chien, comme outil d'adaptation. Et surtout rien d'autre. A moins d'un dessein caché de la nature, c'est une connaissance bien établie que nous avons le concernant, et toute autre interprétation serait abusive. Non fondée. Par exemple de dire que le cerveau serait venu à l'homme pour qu'il fût libre. Ou qu'il se libérât de quoi que ce soit. Dominer son environnement ne signifie pas s'en libérer, de même que le castor domine son biotope mais ne s'en libère pas. De même encore que l'homme domine son animalité mais ne s'en libère pas. On ne peut pas fusionner ces deux concepts ou les prendre l'un pour l'autre, sauf à le faire encore de manière abusive.
Le concept de liberté est précisément le résultat d'un enchaînement de propositions abusives et il serait intéressant pour le philosophe de les mettre à jour, travail qui n'a pas été conduit de manière systématique.
S'adapter, pour l'homme, à la différence de l'adaptation animale, c'est conjecturer dans le cadre du ou des systèmes de représentations qu'il produit. Mais ces systèmes de représentations successifs ou simultanés sont le résultat d'une transmission-inculcation - plus ou moins forcée – résultant de sa capacité à apprendre et ce, dès son plus jeune âge, celui où il ne sait pas encore raisonner, rationaliser. Connaissant la puissance d'imprégnation de ces systèmes, ou la ductilité du cerveau, on ne s'étonne pas que les cultures soient à ce point intériorisées par les individus qui les reçoivent.
Pour être réellement libre, il faudrait qu'après avoir subi ces formatages culturels divers (qui en principe sont une composante de son adaptation, de sa personnalité, et sans lesquels il n'existerait pas), l'individu les rejetât tous sans exception y compris sa langue, pour se construire un système « libéré » de tout, système linguistique compris.
Mais ce faisant, ce nouveau système serait encore tributaire de tous ces systèmes dont il doit se déformater et de leurs résidus et imprégnations.
C'est tout simplement impossible : un individu peut se déformater d'un, ou même plusieurs systèmes, en aucun cas de tous et on peut même se demander si son psychisme y résisterait.
Mais cela, on peut toujours le rêver comme on peut rêver la liberté.
Ce que l'on pourrait avancer en revanche, c'est que plus on se déformate, plus on se libère. Mais jusqu'à quel point...? Se déformater de tous ses acquis n'est pas forcément gagner en liberté, ce serait même tutoyer la folie.
Pour le lecteur intéressé par le fil de discussion sur la liberté humaine :
http://philoforum.fr/forum/viewtopic.php?f=2&t=5107&st=0&sk=t&sd=a