Free hug.

Publié le par zorba



Il paraît que la mode est au « free hug », le câlin gratuit. On imagine que cette idée a germé dans la tête de tenants de l'amour universel. Il s'agit d'embrasser, de serrer sur son petit coeur, tous ceux que l'on croise dans la rue, parfaits inconnus.
On ne peut s'empêcher de faire le rapprochement avec le « free fight » des cités. La castagne universelle. A coups de barres de fer.
Ce sont évidemment deux manières d'envisager le monde.
Comme l'être humain est inventif, on ne va pas en rester là. Le câlin gratuit vise à interpeller le corps social bien sûr. C'est une forme de provocation par le symbole à l'égard d'une société agressive et indifférente. Mais très vite le câlin va tomber dans la routine et il faudra le renouveler, le rafraîchir, en allant plus loin, çà va finir en partouze. La surenchère classique quoi. Pour en arriver à la « bonobo party ». Dans les cités la surenchère a déjà atteint des sommets, mais on est tenté de dire : peut mieux faire. On peut toujours mieux faire.
De sorte que l'on pourrait un jour assister à ce spectacle inédit : tandis qu'un quartier se livrerait avec entrain au « free hug », ou à la libre partouze, l'autre quartier, juste à côté, en découdrait en « free fight », la libre castagne.
On pourrait même passer en deux minutes de transport de l'un à l'autre. Ou encore organiser l'un et l'autre sur le même site, en même temps. Cà laisse pas mal de latitude aux organisateurs de spectacles.
Tandis qu'ailleurs, les gens bossent. Il en faut bien qui travaillent pour payer les lubies des autres. Alors autant que les gens qui bossent profitent du spectacle qu'ils financent.
On pourrait réserver des lieux à ce type d'ébats. Car on risque toujours des débordements. Certains peuvent très bien souhaiter ne pas se retrouver pris dans la propagation d'une bonobo-party ou d'une libre-châtaigne. Je vous dirai tout de go que c'est mon cas. L'un comme l'autre me semblent exagérés. Mais la compétition des provocs s'apparente à une compétition sportive : aller au bout de soi-même. Ou venir à bout d'autrui. Des deux formules, je ne sais laquelle convient le mieux. Peut-être les deux : aller au bout de soi-même en venant à bout d'autrui. Ou vice versa.
En tous cas, c'est ce que demande le peuple. Tout au moins une partie du peuple. Du pain et des jeux. La preuve : ces manifestations s'organisent spontanément. Personne n'oblige qui que ce soit à participer à une bonobo ou une châtaigne party. Chacun est libre. Pourquoi interdire ! Il suffit d'encadrer. Parce qu'on ne peut pas tout de même laisser le monde à la merci de ces sauvages de la fornique ou du massacre. Ceux qui financent par leurs impôts ont tout de même un droit de regard sur ce que l'on fait de leur pognon. Ou ils finiront par ne plus accepter de financer. Ce qui serait un peu normal.
En vérité je vous le dis : un autre monde est possible. Où tout serait permis. Il suffit d'encadrer.
Oui mais encadrer, c'est déjà mettre des limites. Ah mince. Je n'y avais pas pensé. Que je suis bête.
Je pensais bien avoir résolu la question de la liberté mais le monde s'ingénie à foutre toutes mes belles idées par terre. Peut-être parce que ce ne sont que des idées et que contrairement à l'adage, ce ne sont pas les idées qui mènent le monde. En tous cas pas les miennes, c'est clair. Eh bien vous savez ce que je vais en faire de mes idées ? M'y asseoir dessus. M'en servir de coussin pour mon rocking-chair. Tiens, c'est un excellent moyen de les bercer ! Quand je pense que des gens sont prêts à se faire crever pour leurs idées ! S'ils savaient ce qu'elle valent, leurs idées, devant la complexité du monde qui est capable de produire au même instant, et dans le même quartier, la bonobo et la castagne party ! Cà devrait tout de même les rendre modestes. Leur donner à réfléchir sur leurs idées. Une réflexion à double détente : d'abord, la réflexion qui conduit à l'idée, ensuite la réflexion sur l'idée. C'est à dire réfléchir sur le fruit de la réflexion. Moi je fais çà : je réfléchis, il me vient une idée (parce que je suis pas bête). Puis je m'assois dessus, bien confortablement, sur mon rocking-chair, et je la berce, en réfléchissant dessus. Et en général elle finit par s'endormir. Elle me fout la paix. Voilà. Si tous les gars du monde, du clan des bonobos ou du clan des châtaignes faisaient pareil, eh bien leurs belles idées inutiles s'endormiraient du sommeil du juste. Le monde serait moins gai, c'est sûr. Et ce serait dommage. Encore une idée de con tiens. Allez hop, au rocking-chair.

Publié dans humour littérature

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S
Intéressant, cet article. Je trouve dommage, par contre, de ramener cela à une histoire d'impôts et de financements. Les bagarres sont coûteuses en termes de bobos, de soins, de matériel cassé, de procès... Par contre les câlins sont gratuits!Sinon, si les "free hugs" sont effectivement volontaires (heureusement d'ailleurs!), je n'en suis pas sûre pour ce qui est des "free fights". Le propre de la violence est de s'imposer : regardez les "free slapping", ou claques gratuites, filer une baffe à un quidam sans raison...En tout cas, il s'agit bien de dérives. Le "free hug" prête à sourire, quand ça deviendra de la partouze ça sera autre chose :-( J'aime bien ce blog sinon ! Original, et sympa.
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F
Moi, je veux un calin !!!! Un calin tout doux, un calin avec des intentions dedans !Alors, je vais rejoindre mon faïencier de mari qui ronfle comme un sonneur professionnel, je vais le réveiller en jouant à l'Isis des banlieux.. C'est bien le diable si j'ai pas mon calin gratos !!
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Z
<br /> <br /> Décidément, cette Isis a beaucoup de succès et en inspire  quelques-uns.<br /> Vive la faïence !<br /> <br /> <br /> <br />
O
"L'idée" de ces petits jeux avait fait son chemin il y a fort longtemps. Voyez Isis...... elle ne lui a pas servi de coussin je vous l'assure ! une pratique tellement élaborée qu'on en parle encore aujourd'hui !!!Allez bonne nuit les petits !Osiris.
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Z
<br /> Ah ben oui Ô divin siris, tu es bien placé pour donner ton avis ! Inoubliable non ? Et si efficace !!!<br /> <br /> <br />
C
Très juste Lola ! d'ailleurs c'est très en vogue, la mode échangiste entre couples "d'amis" (qui risque fort de ne plus pouvoir se supporter bien longtemps mais ça c'est un détail technique) nous le montre tous les jours ! les amis de mes amies sont mes amis, n'est-ce pas...hum hum... J'ai remplacé mon fauteuil à bascule par une bergère qui m'entoure de ses petits bras réconfortant, na. D'ailleurs j'y retourne. C'est pas beau de mentir, les hommes ça adore écouter derrière les portes quand deux femmes discutent entre elles. Et toc.
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Z
<br /> J'ai-tout-entendu-eu ! na na nèreu ! Eh ben dis donc, je suis bien largué moi...<br /> <br /> <br />
L
Claire, Il y a le "fucking friends" au pire...Bon...Moi, je retourne à mon divan.
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Z
<br /> <br /> C'est quoi çà ? Bon, je devine...c'est encore une histoire de filles. Entre vous deux... Je n'écoute pas...<br /> <br /> <br /> <br />